L’interopérabilité européenne des télébadges continue de s’étendre tandis que les SET développent les services digitaux et de gestion de flotte. Tour d’horizon des dernières nouveautés et tendances pour le futur.
Chaque année l’interopérabilité technique du télépéage européen se renforce. Ce sont potentiellement 15 réseaux à péage qui seront ainsi compatibles en 2021 avec un seul et unique télébadge satellitaire. Après le gros chantier de l’intégration de la « toll collect » allemande en 2019, la maj
orité des sociétés de télépéage (SET) ont ajouté à leur offre l’Autriche, l’Italie ou les ponts payants de Scandinavie l’année dernière. Les Pays de l’Est sont clairement la cible des SET. C’est par exemple le cas chez UTA qui réalise actuellement des tests d’interopérabilité du boîtier UTA One en Bulgarie, Hongrie et République tchèque, ce qui portera à 16 le nombre de réseaux compatibles.
L’Italien Telepass, dont le badge a été le premier homologué en Allemagne, a également ajouté la Suisse (pour le règlement de la taxe kilométrique RPLP) en janvier dernier et la Bulgarie prochainement. AS 24 prévoit aussi d’étendre l’interopérabilité du Passango en Hongrie et Bulgarie d’ici la fin de l’année.
Tandis qu’Axxès revendique aujourd’hui 15 réseaux depuis l’obtention en mai dernier de l’homologation officielle de ses deux boîtiers (DSRC et
B’Moov) sur le réseau à péage italien et des tests en cours d’interopérabilité du boîtier B’Moov sur les réseaux hongrois et bulgares qui devraient aboutir à une certification courant juin. Cela lui permet de proposer aux transporteurs un accès aux remises, jusqu’à 13 %, sans condition de volumes de transaction ni la nécessité pour eux de se regrouper en consortium.
Télématique et péage ne font qu’un
Depuis le lancement de leurs dernières générations de télébadges multi-technologies, les SET mettent l’accent sur les services de gestion de flotte. De systèmes basiques de géolocalisation, les opérateurs passent progressivement à des solutions télématiques plus poussées mais moins onéreuses que les systèmes des fournisseurs historiques. C’est le cas de Telepass dont le service K-Master associe au télébadge TelepassSAT un boîtier télématique relié au bus CAN des camions. NegoMétal ou UTA, qui commercialisent tous deux une version « rebrandée » du TelepassSAT, proposent désormais la télématique K-Master aux transporteurs.
« Cela permet d’aller plus loin que les offres basiques de gestion de flotte en intégrant la gestion sociale, l’écoconduite, la gestion desmissions et des tournées, etc. », explique Christian Wittmer, directeur d’UTA France. « Ces services répondent aux besoins des transporteurs aujourd’hui dans tous les pays où UTA est présent et qui souhaitent digitaliser leurs process sans systématiquement déployer des systèmes télématiques lourds. »
Chez Axxès, les services de gestion de flotte séduisent également les clients. « Nos solutions télématiques AFM et AFO, pour lesquelles nous avons proposé l’accès gratuit pendant six mois en 2020 afin de minimiser la perte d’activité liée au Covid, ont connu un fort succès auprès des transporteurs. Ces derniers ont plus souscrit aux services connectés cette année car ils sont à la recherche de rentabilité partout où ils peuvent la trouver et notamment en réduisant les kilomètres à vide », observe Marc Neyrand, directeur des opérations d’Axxès.
Le concurrent allemand DKV vient de lancer en France l’offre similaire DKV Live avec télématique, track & trace, planification d’itinéraire et gestion des missions des conducteurs. En retour, certains télématiciens commencent à se tourner vers les opérateurs de télépéage. C’est par exemple le cas de Webfleet, filiale de Bridgestone, qui a ouvert un bureau en Hongrie et a intégré sa plateforme de gestion de flotte au système de télépéage HU-GO.
Services digitalisés et applications mobiles
Avec des outils de gestion renforcés, c’est toute la gestion du télépéage qui se digitalise. Sanef vient ainsi de lancer l’application Bip&Go pour suivre les consommations de péages et calculer un itinéraire, en fournissant des informations sur les tarifs des péages et des carburants sur le trajet. Les utilisateurs peuvent aussi y trouver des informations sur les parkings accessibles grâce au badge, sur les stations de lavage ou les aires de repos. Chaque SET met à jour son espace client en ligne en intégrant de nouvelles fonctionnalités ou propose des applications mobiles pour les conducteurs et les gestionnaires.
Depuis mai dernier, les clients français d’AS 24 disposent d’un nouvel espace digital My AS 24. Outre une nouvelle ergonomie moderne et un affichage par tableaux de bord des activités et coûts, la SET a déporté l’espace web sur des serveurs plus puissants afin d’optimiser le traitement des données et la performance de l’outil. Ainsi selon AS 24, une heure suffit à rendre opérationnel un badge sur un nouveau véhicule après que la demande de réaffectation a été effectuée sur l’espace client. Il faut généralement 24 heures pour réaliser cette opération, avec un risque potentiel d’infraction si le véhicule reprend la route avant la mise à jour du boîtier.
Les SET nouent aussi des partenariats avec les plateformes de fret à l’image d’Ontruck qui a signé un partenariat avec Total en mars dernier donnant accès à ses transporteurs à la carte Total ou aux boîtiers de télépéage Passango à des tarifs préférentiels. Notons que, sur le marché français du télépéage presque saturé, les SET se développent aussi en visant les flottes mixtes et de véhicules utilitaires. Eurotoll propose depuis fin 2020 le boîtier DSRC Pronto T compatible en France, Espagne, Portugal et Italie, destiné aux utilitaires. UTA a lancé le badge One Move également pour les VUL et AS 24 propose désormais le télébadge Liber-t pour tous ses clients propriétaires de flottes mixtes.
Source: https://www.transportinfo.fr/telepeage-la-course-a-linteroperabilite-sintensifie/